Cela fait déjà quelques semaines que la saison est terminée pour les Gothiques, c'est l'heure pour moi de faire le bilan d'une année difficile. La saison précédente s'était terminée par une défaite éprouvante 9-8 aux tirs aux buts contre Rouen, il fallait alors se reconstruire. Le président doit laisser partir Paul Deniset et Kévin Hecquefeuille, meilleurs joueurs de champ de l'équipe mais parvient à faire ressigner Billy Thompson, alors élu meilleur gardien de la ligue. Les Gothiques sont alors renforcés par les arrivées de jeunes joueurs prometteurs comme Luka Basic, Jaroslaw Rzeszutko ou encore Aziz Baazzi. Les recrues sont très prolifiques durant les matchs amicaux. Une grosse victoire contre Rouen sur la petite glace du Coliseum vient même donner grand espoir aux supporters picards pour la saison à venir.
Alors que les objectifs du président sont très élévés, quel parcours feront réellement les Amiénois ?
Nous examinerons deux périodes, d'abord l'ère Antoine Richer puis l'éléctrochoc Heikki Leime.
Ce sont donc des supporters convaincus après une bonne campagne en amical qui assistent au premier match officiel de la saison. Une rencontre de Coupe de la Ligue contre Epinal largement dominée et remportée par les néo-amiénois avec au passage un énorme match pour Jake Morissette qui pointe sur les 5 buts picards. Les Gothiques tombent de haut quatre jours plus tard. Alors, en déplacement à Briançon ils commencent leur championnat par une défaite 4-2. La suite n'est guère plus brillante avec une victoire à domicile arrachée difficilement à Neuilly puis une défaite contre une équipe d'Epinal qui ne faisait même pas figure d'out-sider. La chute continue avec une équipe d'Amiens complètement amorphe face à des Caennais transcendés qui l'emportent 3-2 sur la glace picarde. Les Gothiques enchainent le moyen et le très mauvais. L'espoir revient avec deux victoires consécutives mais est vite balayé par Grenoble et Morzine. Le président réagit rapidement à ce mauvais début de saison et nomme Heikki Leime entrîneur à la place d'un Antoine Richer qui semblait avoir perdu le contrôle de son équipe. Le nouveau coach annonce alors qu'il lui faudra 3 mois pour faire quelque chose avec cette équipe. Nous sommes le 12 novembre 2011.
L'arrivée du technicien finlandais redonne espoir au Coliseum, l'attente est grande à l'aune du match Amiens-Rouen. Le revers subi à domicile contre une redoutable équipe rouennaise permet alors de mesurer le fossé qui sépare, à ce moment donné, les deux équipes. Le public attendait la revanche des playoffs, il n'y eut rien. Deuxième mauvaise nouvelle apportée par ce match : Billy Thompson, en difficulté depuis le début de saison se blesse aux adducteurs et sera absent pendant plusieurs semaines. Une nouvelle terrible pour des Gothiques en quète desesperée de point.
Les Gothiques réagissent et vont prendre deux points chez les redoutables Ducs de Dijon mais reviennent en terre picarde pour offrir le plus beau des cadeaux de Noël aux joueurs de Villard-de-Lans alors dernier du championnat. Ils continuent sur leur lancer en s'inclinant sur la patinoire des Ours. Les Picards enchainent avec deux meilleurs matchs contre Dijon et Rouen mais ne sont pas récompensés de leur travail. Il faut continuer.
Deux matchs en trois jours au Coliseum. Une bonne occasion de se rattraper. Chamonix alors deuxième et Gap au coude à coude avec Amiens dans les profondeurs du classement. Avec réussite les Gothiques se démarquent des Chamois en prolongation puis prennent deux points aux Rapaces aux tirs aux buts.
Les Gothiques semblent reprendre du poil de la bête mais Grenoble vient s'imposer 1-0 en terre picarde au terme d'un match cruellement pauvre en occasion. Malgrè ce contretemps les joueurs d'Heikki Leime finissent la saison régulière en beauté avec une belle victoire au bout du suspense contre Briançon. Ce succès vient courronner une série en cours de six victoires consécutives des Picards. La série a commencé le 27 janvier à Angers. Le contrat du coach est rempli, la machine est lancée pour les playoffs.
Après avoir visité les abysses du classement, les Gothiques sont remontés à la huitième place grace à cette belle série. Ils rencontrent donc Strasbourg, neuvième du classement et vice-champion de France avec un avantage non négligeable : trois matchs seront disputés au Coliseum contre deux à l'Iceberg. Les Gothiques gagnent les deux premiers matchs portant leur série contre Strasbourg à six matchs à zéro cette année. Les hommes de Daniel Bourdages sont dos au mur mais réagissent chez eux et s'emparent des matchs 3 et 4. Un match décisif se jouera donc au Coliseum. Les Amiénois semblent avoir épuisés leurs adversaires et gagnent le tie-break au terme d'un match à sens unique avec un but exceptionnel de Jake Morissette.
Les Amiénois ont donc validé leur billet pour les quarts de finale où ils affronteront Rouen. Les Rouennais n'ont pas joué depuis deux semaines. Fabrice Lhenry n'a pas joué depuis plusieurs mois. Le premier match semble à la portée des Gothiques s'ils parviennent à surprendre le vainqueur de la Coupe Continentale. C'est ce qui se produit. Amiens parvient à l'emporter dans les dernières minutes prenant ainsi un match sur la glace rouennaise. Le deuxième match voit les Gothiques posséder une avance de deux buts mais se faire finalement rattraper par des Rouennais experimentés et plus frais physiquement. De retour au Coliseum, un match historiquement fermé par les gardiens réalisant une grosse performance. La décision ne se fait pas dans le temps règlementaire, les deux équipes doivent donc se départager en mort-subite. Finalement, Marc-André Thinel récuperera une mauvaise passe dans sa zone défensive pour aller crucifier Billy Thompson d'un tir du revers. 2-1 dans la série. Quatrième match déjà décisif pour les Picards. Les jeunes recrues ne se laissent pas déstabiliser par la pression, Luka Basic marquant même le but de l'année de derrière la cage de Fabrice Lhenry. Les Amiénois l'emportent 5-1. La revanche d'une confrontation à sens unique de saison régulière. Enfin une équipe amiénoise qui met son talent au service du coach et qui va dans le même sens.
Un cinquième match sera donc joué à L'ile Lacroix, antre des Dragons de Rouen. Les supporters picards ont fait le déplacement en nombre et supportent leur équipe avec le cœur. Le premier tiers du match est dominé par les Rouennais mais c'est Valentin Claireaux qui s'est procuré la plus grosse occasion du vingt en lançant sur le poteau d'entrée de jeu. Dans le deuxième tiers il semble que les partenaires de Carl Mallette aient reçu une aide de l'arbitre, malheureusement. Quand je dis à mon voisin, arborant fièrement un maillot #19 Mallette, que l'arbitrage est scandaleux, il me répond qu'à L'ile Lacroix c'est toujours comme ça. Le fameux arbitrage maison... Le débat est clos. Grace à une suite de pénalité et à un beau geste du capitaine rouennais restant au sol pendant deux mintues avant de se relever et de, sur le shift suivant, traverser la glace à vitesse grand V, les locaux trouvent la faille et creusent l'écart.
Les Gothiques, joueurs et supporters, ne baissent pas les bras et reviennent à 3-1. L'écart est remis à trois unités lorsque Julien Desrosiers lance sous le bras du portier picard. Les Gothiques reviennent à 4-3 dans le troisième vingt avant de prendre un but en cage vide. Carl Mallette sera passé du statut de tétraplégique à celui de trois fois assistants ce soir. Etrange.
La saison est terminée pour les Gothiques. Des regrets, des regrets et encore des regrets pour l'équipe aux deux visages. Une équipe d'Amiens qui aurait pu se qualifier pour les demies après être passée très près de la victoire dans le deuxième et le troisième match et des prolongations dans le match 5. A vous de juger si les Gothiques méritaient cette victoire. Une chose est sûre si les Gothiques étaient passés sur Rouen, la voie royale leur était ouverte pour le titre. Dommage.
Un début terrible pour une équipe nourissant les plus grandes ambitions avec une très bonne campagne de matchs amicaux et une fin en apothéose avec un jeu construit et réflechi faisant trembler voire même vaciller le champion en titre. Je reste persuadé que les Gothiques se seraient imposés sans le « traitement de faveur » donné aux Rouennais sur l'ensemble de la série. A vous de juger. Ce qui est fait est fait, il est donc temps de se tourner vers la prochaine saison.
Billy Thompson, Vincent Bachet, Thomas Roussel, Romain Bault, Luka Basic, Valentin Claireaux, Grégory Béron et le coach ont déjà resssigné pour l'an prochain. Santeri Immonen, ex-entraîneur des Pingouins vient renforcer le staff. Il pourra ainsi donner aux joueurs la recette qui lui a permis de battre quatre fois Amiens l'an passé...
Mes trois étoiles amiénoises:
Luka Basic: jeune joueur arrivé avec beaucoup d’attente sur les épaules, il a su s’imposer dès ces premières rencontres sous le maillot amiénois avec une fin de saison stratosphérique (6 buts et 6 assistances en 10 matchs de play-offs) et surtout le but de l’année scoré en power-play contre Rouen. Sa technique et sa rapidité ont fait de lui un élément majeur de l’attaque picarde. Bonne nouvelle: le jeune slovène a prolongé son contrat de deux saisons à Amiens.
Jaroslaw Rzeszutko: Tout comme Luka Basic il est venu avec de lourdes responsabilités en Picardie et il n’a pas déçu. Son sens du but et sa technique ont fait mouche auprès des supporters mais pour des raisons financières, l’attaquant polonais des Gothiques n’a pas souhaité prolonger à Amiens.
Vincent Bachet et Thomas Roussel: les deux défenseurs internationaux ont été irréprochables. Le premier tenant son rôle de capitaine à cœur et montrant l’exemple à l’instar du match 5 à Rouen où il aura tout tenté pour remettre son équipe dans le match. Le second impeccable en défense, depuis son retour d’Arizona ses charges sont précieuses.
Trois déceptions:
Kyle Sibley: il eut été impossible de ne pas le mentionner ici. Annoncé comme successeur de Kévin Hecquefeuille, le canadien n’a jamais pu s’imposer et a même été limogé très rapidement. Encore une fois je suis persuadé qu’il avait -largement- les capacités pour réussir. Arriver à Amiens avec un coach qui ne parle pas anglais n’a pas du l’aider à s’intégrer. Curieux de le revoir un jour en Ligue Magnus.
Teddy Trabichet: Une saison régulière difficile avec trois petites assistances à la clé. Défensivement il était assisté par Vincent Bachet qui n’a pas toujours pu rattraper ses erreurs. Parfois il s’est enflammé avec le palet laissant un trou défensif difficile à combler. Mieux en play-offs. Non reconduit par le club.
Anthony Mortas: Seule déception: le fait qu’il raccroche les patins… Bonne continuation Tas’!
Une saison en deux temps:
Jake Morissette: Technique, vitesse et surtout un grand sens du collectif. Un premier match prolifique suivi d’une extinction au niveau des réalisations avant de revenir très fort pour les play-offs. Malgré le désaccord de la plupart des supporters et dirigeants, je pense réellement que Morissette avait les qualités pour faire beaucoup plus que ce qu’il a fait. Il a souvent manqué de réussite. Sa saison aurait probablement était très différente si Heikki Leime avait été coach de bout en bout. Très bon en infériorité. Un joueur précieux. Non reconduit par le club.
Billy Thompson: En dessous de son niveau de l’an passé en saison régulière, il s’est blessé en décembre. A son retour il est monté en puissance jusqu’à être excellent et irréprochable en play-offs (sauf peut-être sur le but vainqueur de Marc-André Thinel du match 3). Encore un an de contrat à Amiens. On peut penser qu’il sera encore meilleur l’an prochain avec un staff renforcé.
Grégory Béron: Après une bonne première partie de saison dans la continuité de ses précédentes saisons en Picardie, l’attaquant français des Gothiques s’est éteint. Marquant peu et passant rarement il a complètement disparu des projecteurs en phases finales avec une seule assistance en dix matchs. Il a souvent privilégié sa vitesse et la solution individuelle. Il a prolongé à Amiens. J’espère le revoir rapidement à son niveau.
Nicolas Horlait
