Cette fois, c'est l'agence Moody's qui a placé la France sous surveillance pour trois mois. Le fameux AAA est en jeu. En fin de semaine dernière, Standard and Poor's avait remis à jour son stress test des économies européennes. Il en ressort deux scénarios d'évolution à court terme, qui tous deux aboutissent à une dégradation de la note française d'un cran, voire de deux! Fitch, de son côté, joue le chaud et le froid en assurant ne pas vouloir dégrader la notation française, mais en assurant que les marges de manœuvre se réduisent!
Au delà de l'annonce factuelle des interrogations des agences de notation, c'est la disparité des traitements financiers des pays de la zone Euro qui est en cause. Le 18 octobre dernier, les taux d'emprunt à 10 ans de la France ont atteint 3,04% là où l'Allemagne emprunte à 2% sur la même durée.
Cette disparité est complètement incompréhensible au sein d'une zone de monnaie unique. Disparité également paradoxale, s'il s'agit de considérer comme de même niveau de risque tous les pays classés AAA!
Une des explications possibles au creusement de cette différence de taux entre la France et l'Allemagne est probablement une des règles des marchés: la valeur du jour est fondée sur la vision des résultats de demain. En l'occurrence, cela signifie, comme certains analystes de banques l'ont clairement annoncé, que la France n'est déjà plus considérée que AA+.
Comme nous le disions en août dernier, le piège se referme. Que se passera-t-il en janvier prochain? Le budget préparé actuellement s'appuie sur des hypothèses parfaitement non réalistes (comme 1,75% de croissance en 2012) et amène encore un déficit nouveau. En parallèle un plan de réduction de déficit fondé sur des mesures dispersées sans réelle cohérence entre elles (taxe sur les sodas, modification du régime des plus-values immobilières, taux de TVA ajusté pour la restauration, etc.) n'est certainement pas de nature à inspirer confiance.
Les perspectives à moyen terme vont donc s'appuyer sur une analyse de la situation économique dans la perspective d'une élection majeure à l'issue difficile à prévoir. Les tentatives de stabilisation de la zone Euro à travers un fonds de garantie et une participation des banques à l'effacement d'une partie importante de la dette grecque amènent encore des incertitudes et du flou à travers l'absence d'une réelle ligne politique claire. Le président français remet en cause les prédécesseurs des gouvernants actuels dans leur légèreté à accueillir au sein de la zone Euro des pays jugés non prêts. Il oublie au passage faire partie de ceux-là! Quand bien même une certaine vérité existerait derrière ces propos, la désignation de boucs émissaires a prouvé historiquement son inefficacité, voire son caractère néfaste.
Il reste six mois avant de connaître le nom du prochain Président de la République. Quel sera-t-il si la France est "déclassée" au palmarès des agences de notation? Le Président sortant pourra-t-il survivre politiquement à un abaissement de la note française? Serons nous capables de proposer enfin des solutions pro actives et non réactives?
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